Alfred Soulier, peintre. En toute simplicité.
Par Jacques Roux
Lorsqu’on laisse son passé venir à soi, comme la rivière qui coule à nos pieds, impassible, et nous incite à cet abandon, on est parfois surpris. Car, un peu comme les rêves, les souvenirs vont sans tabou, ni sens des hiérarchies. Nous en avons tous fait l’expérience : notre mémoire nous offre d’excellents instantanés de lieux, situations, personnes que nous pensons sans importance, tout en refusant obstinément de nous fournir la moindre précision sur tel ou tel épisode de notre existence, que nous estimons pourtant crucial. Dans l’Antiquité Grecque on en aurait appelé aux pouvoirs des dieux, ces affaires-là, on n’en doutait pas, étaient de leur ressort ; nous autres « modernes », comme disent les penseurs de magazines, aurions plutôt tendance à en appeler à la psychanalyse. Ce qui revient au même, religion pour religion, tout est affaire de croyance. Mais si l’on oublie le pourquoi et accepte de s’intéresser à ces lumières tremblantes issues des profondeurs, alors s’ouvrent à nous des horizons insoupçonnés. Car notre passé est bien plus riche que notre avenir ! Il a déjà, lui, son bagage tout fait, mal ficelé certes, plus capharnaüm que rapport administratif, mais avec plein de recoins, de zones d’ombres mystérieuses, de découvertes inattendues. Ainsi, figé dans ma mémoire, sans que je lui aie jamais rien demandé, se tient un petit monsieur terne et discret. Il s’appelle Alfred Soulier. Il parle avec mon oncle, Henri Caillat, garde-champêtre en exercice s’il vous plaît, assis près de sa fenêtre, un chiffon sur les genoux.
Sur le rebord de la croisée, il a posé une toile : il peint.
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