A la tombée du soir, en automne, l’ombre avance et bientôt plongera collines et vallons dans l’obscurité. Tout là-bas le Vercors fera le fier quelques instants encore avant de céder à la nuit. Ces instants-là sont parmi les plus précieux et plus que tous rendent perceptible la grâce de ce village invisible, dont les maisons isolées, les hameaux, son cœur même avec l’église, la mairie, les écoles, se cachent dans les plis et replis d’une nature malicieuse. On serait tenté de dire qu’il ne faut pas chercher Saint-Vérand : il est partout et nulle part. Lui-même parfois oublie qu’il existe à part entière, avec une Histoire et de surprenantes richesses. C’est peut-être ce qui le sauvera : sa modestie n’est pas feinte. Ni tours orgueilleuses et belliqueuses, ni étendard hissé au plus haut, Saint-Vérand se sait partie du Tout et de ce Tout a fait son nid. Il y a sans doute quelque leçon à tirer de cet exemple.
Jacques Roux