Un de nos fidèles lecteurs aimerait connaître l’origine des mots « agoué » et « gouya » signalés dans le texte intitulé « La serpe ». Voici quelques tentatives de réponse. Précisons tout d’abord que nous parlons ici de mots entendus au Barret dans les années 1950-1970. Il s’agit donc de patois, au sens linguistique de « variante dialectale d’une communauté rurale précise » ou de « dialecte rural », ou encore de « parler rural », utilisé dans une aire géographique donnée (Cf. Armand Mante, Patois et Vie en Dauphiné, le parler rural d’Izeron, Isère, 1982). Or, ainsi daté, défini et délimité, ce patois ne s’écrivait pas. Armand Mante recourt à l’alphabet phonétique international. Ainsi, page 114 de son ouvrage, paragraphe 210, il indique : « une serpe : in agwé ».
Le système linguistique utilisé pour « écrire », ou plus exactement pour reproduire la prononciation, des mots du Barret « agoué » et « gouya » est plus « artisanal ». Mis au point par un groupe de patoisants, il a été notamment utilisé dans le fascicule « Va t’ô menô, le patois à Saint-Vérand » (Éd. Saint-Vérand Hier et Aujourd’hui, 2011). Puisant à différentes sources, ce système se veut facile d’accès tout en restant suffisamment précis. On en trouve quelques belles illustrations sur ce site dans la rubrique « lo Ko de zieu do Kristian ».
En ce qui concerne l’étymologie de nos deux mots, le dictionnaire Godefroy donne ces indications : « Goiard, goyard, goyart », attesté au début du 15e siècle, est « une sorte de serpe » ; à la même époque « agué », participe passé, signifie « aiguisé, aigu », par extension, « de nature à couper ».
Nous aurons l’occasion dans ces pages de revenir sur le patois local, en particulier sur les apports précieux du travail d’Armand Mante.
Michel Jolland