Mercredi 16 décembre 2015, 11 heures, une plaque mémorielle sera apposée sur le mur du cimetière de Saint-Vérand où a été inhumé Paul Berret en 1943. Jusqu’ici plus que discrète dans sa relation avec un de ses ressortissants dont elle aurait pu s’enorgueillir, la commune de Saint-Vérand a corrigé le tir ces dernières années. Sous l’impulsion de l’association Saint-Vérand Hier et Aujourd’hui, il faut le préciser. C’est l’insistance de son président Michel Jolland qui réussit à convaincre la Municipalité du village que donner son nom à une salle de la nouvelle mairie serait la moindre des choses, et c’est parce que l’association a pris l’initiative de préparer, et financer, cette plaque « Hommage » qu’elle sera installée officiellement en ce mois de décembre 2015. Il n’aura fallu que 72 ans à la commune de Saint-Vérand pour admettre l’idée qu’elle avait hébergé en son sein un grand homme ! Encore le fait-elle sans élan puisqu’il lui faut un aiguillon. Reconnaissons cependant à son maire M. Bernard Eyssard d’avoir, par deux fois, accepté d’engager la responsabilité de la Municipalité, ouvrant ainsi la porte à une véritable reconnaissance de la valeur patrimoniale de Paul Berret.
La cérémonie sera justement présidée par monsieur Eyssard et elle sera honorée de la présence du président en exercice de l’Académie delphinale, monsieur Raymond Joffre. Paul Berret, s’il reste méconnu des Saint-Vérannais a vu tout au long de son existence ses mérites appréciés par les plus dignes instances. L’Académie delphinale, qui rassemble en son sein les personnalités les plus émérites du milieu culturel régional, en fait partie. Il n’est pas anecdotique de préciser que le président de l’association Saint-Vérand Hier et Aujourd’hui est récemment devenu lui-même membre de l’Académie. Quel paradoxe, pour une commune aussi discrète que Saint-Vérand dans le domaine des arts et des sciences, que de compter en son sein deux élus de la plus prestigieuse assemblée dauphinoise !
Monsieur Raymond Joffre est lui-même une personnalité exceptionnelle et inclassable : éditeur et écrivain, historien, poète, montagnard, il assume non seulement la présidence de l’Académie mais aussi celle de la Société des écrivains dauphinois. Bien conscient de la place éminente de Paul Berret dans l’histoire des Lettres de notre pays et, partant, de notre région, il a tenu à associer l’Institution qu’il préside à un événement dont la symbolique lui paraît très claire : ce sont les grandes âmes qui font avancer l’humanité, c’est auprès d’elles qu’il faut chercher le souffle et la force qui nous sont nécessaires pour construire nos vies. Le nom de Paul Berret sur le mur du cimetière de Saint-Vérand ce pourrait être un accessoire dérisoire, c’est au contraire un signe fort et noble : il désigne, anonyme parmi celles des anonymes qui partagèrent sa vie, l’ombre d’un homme dont la parole et les œuvres restent vivantes et, pour tous, exemplaires. Paul Berret ! Qui s’attacha à donner à démontrer la richesse profuse de l’œuvre de Victor Hugo, sa complexe organisation, l’homme qui écrivit l’histoire du Dauphiné et la tapissa des légendes qui ne cessent d’embellir notre imaginaire et nos souvenirs, l’homme qui sut mettre en images, grâce à la photographie, la beauté de son pays et celle des hommes qu’il côtoyait… C’est à ce Paul Berret-là que Raymond Joffre veut témoigner estime et affection.
A ce titre, et parce qu’il a bien compris (comme tous ceux qui ont appris lire l’écrivain Paul Berret) que celui-ci aimait son village et ses habitants, il n’a pas voulu se limiter à la séance purement formelle d’inauguration du matin. Il a voulu rester un peu, pour être à Saint-Vérand, pour « rencontrer les Saint-Vérannais » a-t-il dit joliment.
A 14 heures de ce même 16 décembre, à la salle des Fêtes, Espace Falque-Vert, il donnera une conférence, largement illustrée de photographies anciennes qu’il collectionne, analyse et commente depuis de longues années : « Les photographes promoteurs du tourisme en Dauphiné ». Quand on sait que Paul Berret, à l’occasion des nombreuses conférences qu’il donna sur tout le territoire pour chanter la beauté du Dauphiné utilisait ses propres clichés pour en faire apprécier le pittoresque, la grandeur, le caractère sublime parfois, on comprend bien que ce thème n’a pas été choisi au hasard.
Jacques Roux