Par Jacques Roux
Si nous avons à de multiples reprises exploré le patrimoine religieux de Saint-Vérand (38), c’est parce que son église possède un trésor pictural sans commune mesure avec la modestie de ce petit village et qu’il semble malheureusement négligé par ses habitants et bien peu exciter la curiosité des responsables du patrimoine artistique des instances départementales et régionales. Le Mas du Barret a donc pris résolument la relève des actions entreprises par l’association Saint-Vérand Hier et Aujourd’hui entre 2008 et 2018 pour faire connaître, valoriser et protéger, ce trésor méconnu. Il s’avère en outre que le mobilier funéraire du cimetière local offre un panorama assez exhaustif des styles pratiqués entre la fin du XIXème siècle et le mitan du XXème. Là aussi, les tombes à l’abandon vite reprises et les matériaux contemporains offrant à profusion des formes standardisées laissent peu d’espoir à l’idée de préserver une sorte de témoignage (impressionnant à plus d’un titre) de la prégnance historique du catholicisme dans la région et de ses manifestations. On comprendra que notre intérêt en abordant ces sujets n’est pas d’ordre religieux, pas plus qu’il ne l’a été lorsqu’il a été question de rendre son nom et sa visibilité au sculpteur de Notre-Dame des Champs et replacer cette belle statue sur le terrain esthétique dont elle avait été, par ignorance et indifférence, évacuée. Il en sera ainsi encore pour cette série de vignettes qui traitera des « Madones » de Saint-Vérand. Car, outre Notre-Dame des Champs, Saint-Vérand possède une merveille : sa maquette. Laquelle, restituée au public dans le Chœur de l’église, fait du coup de l’ombre à deux autres représentations : une petite Madone oubliée dans une sorte de réduit et une belle figure, sans doute issue d’une production de série mais d’une rare élégance et qui offre cette particularité (à Saint-Vérand) d’être une « Vierge à l’enfant ». A côté des sculptures, il y a ces quatre Madones peintes, visibles sur les grandes copies d’œuvres de Raphaël, Volterra et Mengs, ainsi que plusieurs autres repérables dans le non moins remarquable Chemin de Croix qui cerne la nef. Elles nous font penser, ces Madones sculptées et peintes, que dans un monde rural longtemps tenu à l’écart de toute imagerie d’ordre esthétique elles n’en véhiculaient pas moins quelques unes des vertus de ces objets qu’on nomme « œuvres d’art ». J’ai la naïveté de penser que, aussi évanescente et confuse soit-elle, l’idée de « beauté » garde toute sa puissance. Je voudrais, grâce à ces discrètes Madones, partager ce sentiment avec nos lecteurs. Premier épisode, Notre Dame des Champs et sa lumineuse maquette.
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