Le mas du Barret

ARTICLES

Variations autour des noyers du Barret

Les leçons de choses du « Mile »
par Michel Jolland
Nous voici de retour au hameau Barret, à Saint-Vérand (Isère) dans les années 1950. Comme c’était le cas ailleurs dans la commune, le hameau était couvert de nombreuses exploitations, que l’on jugerait aujourd’hui petites, voire très petites, mais qui, bon an mal an, suffisaient à nourrir la famille, surtout lorsque l’un de ses membres avait un emploi salarié à la fabrique de manches et brouettes du village ou dans une laiterie locale. On pratiquait un peu d’élevage et une polyculture adaptée au terroir. Chaque ferme avait ses champs, ses prés, ses vignes, ses arbres fruitiers et une ou deux parcelles de bois taillis pour le chauffage. Bien présents, les noyers étaient des arbres de bordure, alignés à intervalles plus ou moins réguliers le long des chemins ou en limite des espaces cultivés. Parfois l’un d’eux, énigmatique et solitaire, s’égarait en plein milieu d’un champ. Que ce soit pour les besoins de la famille ou pour en tirer un revenu, la récolte des noix était précieuse. La culture du noyer était l’une des grandes passions d’Émile, un voisin de mes grands-parents.

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Gaby Beaume Le dessin comme on cultive sa terre

Gaby Beaume
Le don du dessin
Par Jacques Roux

Gaby Beaume n’est pas de ceux qu’on dérange pour savoir ce qu’il pense de l’art du dessin et s’il a le sentiment d’appartenir à une école, une manière, ou autre oiseuse question dont raffolent journalistes et pseudo amateurs d’art. Par contre si vous avez quelques conseils à solliciter pour travailler au mieux votre vigne, si vous avez des questions sur le système de freinage d’une Salmson de 1935 (la 4 cylindres ? risque-t-il de demander) votre heure sera toujours la bonne heure. Le bonhomme n’a jamais plaint son temps ni son énergie pour produire « Le Camisard », son vin, un rouge de derrière les fagots (chaque bouteille est destinée à devenir « collector » !), il a passé des jours dans son atelier à retaper les voitures de sa collection, l’une des plus originales sans doute parce que guidée par sa seule passion et non des impératifs de mode. Bref, s’il existe un artiste que sa qualité « d’Artiste » avec un grand A ne fait pas grimper aux rideaux, c’est bien Gaby Beaume. Et pourtant, comme on dit « ici » : il a le don !

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Alexandre Vedernikov

par Jacques Roux

Depuis le début de la pandémie, si l’on en croit le comptage de l’Université Johns Hopkins (LCI 18 juin 2021), près de 4 millions de personnes sont mortes du (ou de la) Covid (4 845 051, chiffres officiels, certaines données, telles que celles de l’Inde et du Mexique étant largement sous-évaluées). Parmi elles, 111 000 environ en France. C’est sur leur tombe, et sur la douleur de leurs familles, que crachent depuis des semaines ceux qui défilent avec le prétexte de protéger « leur » liberté. « Il faut de tout pour faire un monde » disait ma mère qui avait goûté à « tout » justement, exclusion et mépris y compris.
C’est à l’une de ces victimes que j’aimerais consacrer les lignes qui vont suivre, ne serait-ce que pour contrebalancer l’indécente arrogance qui se pavane dans nos rues. Tant de vies humaines sont parties, définitivement, comme celle du poète-musicien Christophe, ou celle de l’écrivain chilien Luis Sepulveda (qui soi-dit en passant avait goûté aux prisons de la dictature Pinochet : que ceux qui crient à la dictature devant un radar contrôleur de vitesse ou une seringue, qu’ils n’ont pas dénoncée quand elle leur permettait d’aller passer leurs vacances en certains endroits du globe, se renseignent sur ces terribles années 1973/1990 avant de baver leur haine sur leur pays).
J’aimerais parler d’Alexandre Vedernikov, chef d’orchestre, mort par étouffement à 56 ans après des jours d’agonie.

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Michel Jarrié La mémoire et l’imaginaire

Bien qu’Aramonais d’enfance et de coeur, Michel Jarrié vécut de nombreuses années à Saint-Marcellin. Avec leurs hauts-lieux, leurs personnalités, leurs événements marquants, Aramon, village du Gard ouvert sur le Rhône, et Saint-Marcellin, cité iséroise, sont deux points d’ancrage essentiels dans les récits de Michel Jarrié. Des récits qui, tout en laissant délicatement transparaître les convictions, la bienveillance et l’humanisme de l’auteur, mêlent subtilement souvenirs personnels, anecdotes de toujours et une imagination pleine de malice. Une personnalité saint-marcellinoise semble avoir particulièrement enfiévré son imaginaire : elle est connue sous le nom de plume de Françoise Sagan. Parce qu’il en parlait souvent et qu’il lui a réservé une place dans ses écrits, évoquer aujourd’hui le parcours et les publications de Michel Jarrié, c’est raviver la mémoire de cette toute jeune fille d’alors qu’il appelait, comme s’il avait été un de ses familiers, Kiki…

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La vie d’artiste (5) Les sirènes de Claude Ribot

Le 9 mai 2021, sous le titre générique « La vie d’artiste 2 », nous avons évoqué la figure de Claude Ribot, sculpteur. Originaire du Mans, c’est à cette ville qu’il a confié ses réalisations les plus prestigieuses : des fontaines. J’ai souhaité il y a quelques années, par lettre au Maire du Mans, que le Syndicat d’Initiative édite un guide permettant de dénicher, dispersées comme elles le sont dans cette grande cité, les œuvres d’un créateur dont elle a toutes les raisons de s’enorgueillir. Des œuvres que la ville lui avait commandées, ce qui signifie qu’il y eut au moins une époque où elle avait conscience de leur valeur. Je ne crois pas avoir obtenu gain de cause et la dernière fois où, après son décès et à titre d’hommage personnel, je suis allé saluer les créations de Claude Ribot, j’ai eu la tristesse de constater que ces fontaines n’étaient plus en eau et que deux d’entre elles, pour le moins, Léda et Les Sirènes, avaient été vulgairement taguées. J’espère que depuis elles ont retrouvé leur état natif. Il me plaît cependant ici d’évoquer la plus emblématique de ces fontaines, telle que je l’ai découverte en mars 2007 en compagnie de son auteur : la fontaine dite « Des Sirènes ».

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André griffon L’Ardèche au coeur

Plus que tout autre, André Griffon a « senti » l’Ardèche, ce département mal fichu qui touche à la Vallée du Rhône, se perd dans les contreforts des Cévennes, joue à se donner des airs de Provence, avec ses oliviers et ses garrigues, sans parler de quelques coquetteries, le « Pont d’Arc » étant la plus célèbre. Sans doute en fut-il capable parce qu’il savait qu’il n’est point de « pays » en soi, que les « pays » ce sont les hommes qui les font, ou les rêvent. Toujours est-il qu’en titrant le premier de ses ouvrages « Ardèche douce-amère » il a synthétisé l’étrange mélange de bonhommie, d’humanité rugueuse et de mélancolie sourde qui caractérisait une population sans doute en voie de disparition. Elle survivra pourtant, grâce à lui, à côté des grottes préhistoriques en fac-similé, des résidences secondaires avec piscine et des post néo-ruraux devenus néo prêtres de la néo-révolution, cette révolution 2.0 qui amusera les siècles à venir et qu’en tant que journaliste il anticipa quand il traita « l’affaire Conty ».

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André Griffon

« Il y en a qui ne croient pas. Pour eux un arbre c’est qu’un arbre. C’est pas vrai. Un arbre c’est comme une bête. Ca vit vous comprenez. Et les châtaigniers c’est plus près d’une bête que n’importe quel arbre. Ca a des muscles un châtaignier…. Et puis aussi ça a un cœur qui ressemble à celui d’un homme… Il faut savoir tout ça. Il faut comprendre. » (L’herbe de soleil, 1978)
Cette phrase proférée par Edouard Cayrat, alors octogénaire, maire de sa commune, paysan à l’ancienne dans une de ces régions restées longtemps hors du temps, l’Ardèche dite « profonde » selon la formule de quelques esprits forts qui ne croient pourtant pas si bien dire, puisqu’elle va, cette région, chercher au plus lointain de notre histoire les fondements mêmes de notre pensée, notre imaginaire, notre langage, cette phrase de visionnaire porte néanmoins la signature d’un autre : André Griffon.

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La lessive au Barret (2)

A la maison du Barret, chez mes grands-parents, on disait tout simplement « la rivière » pour désigner la Cumane, ce cours d’eau qui traverse le village de Saint-Vérand du nord au sud avant de se jeter tranquillement dans l’Isère vers le pont de Beauvoir. De la même manière, « le pont » était celui, tout proche, qui enjambe la Cumane en contrebas du hameau pour permettre l’accès au village. C’est quelques dizaines de mètres en amont de ce pont que ma grand-mère venait rincer sa lessive. Une véritable expédition.

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La lessive au Barret (1)

Il a encore fière allure ce trépied bancal tout droit sorti du dix-neuvième siècle. Au temps de sa splendeur, il officiait au Barret comme support du cuvier de la lessive, la « buye » comme disent aujourd’hui encore les gardiens du patois local. Vers la fin des années 1950, d’autres récipients sont venus remplacer le cuvier hors d’usage mais il fallait toujours tirer l’eau du puits et aller rincer le linge à la rivière. Deux opérations mémorables.

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La vie d’artiste (4) Fantin-Latour 2

« Inclassable », tel est l’adjectif le plus souvent retenu par ceux qui ont prétendu s’intéresser à l’œuvre de Fantin-Latour, particulièrement les organisateurs de la récente rétrospective présentée en 2016/2017 au Musée du Luxembourg puis au Musée de Grenoble. La palme revenant au directeur de ce dernier Musée qui déclara lors d’une interview que cet artiste était si « inclassable » qu’on ne savait pas « où le classer ». Derrière le ridicule il faut voir une triste réalité, la plupart des prétendus « spécialistes » des arts plastiques s’imaginent en comprendre la portée lorsqu’ils parviennent à ranger dans des petites boites bien étiquetées les artistes et leurs œuvres. Or l’œuvre de Fantin-Latour n’est pas de celle qu’on fait entrer facilement dans une seule case. Pour la définir il faut accepter l’idée que nous ne percevons d’elle qu’une des composantes de sa nature : ce que la peinture de Fantin-Latour cherche à saisir, par des moyens divers et apparemment peu comparables, c’est l’insaisissable.

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