Introduction
Nous inaugurons ici une série de « vignettes » consacrées aux tableaux qui décorent le chœur de l’église de Saint-Vérand. Avec un objectif précis : montrer quelques détails qui différencient, très légèrement la plupart du temps, la copie de l’original. Ces « variations » infimes peuvent correspondre à ce qu’on pourrait appeler, en musique, une improvisation. Elles sont dues très souvent au fait que, les originaux étant inaccessibles ou très abimés, le copiste s’est inspiré d’un dessin, d’une gravure ou d’une copie peinte, qui lui ont servi de relais. Si le détail était absent, il n’a pu le reproduire : il ne faut pas oublier qu’à cette période, seconde partie du XIXe siècle, il n’existe pas comme aujourd’hui des photographies couleurs de tous les tableaux possibles, disponibles d’un clic sur Internet, ou consultables dans des revues ou livres spécialisés. Il a pu arriver aussi que le curé du lieu, ici le père Rey, commanditaire de tous ces tableaux, demande un petit aménagement « pour ne pas désorienter ses fidèles »… Nous laissons à nos lecteurs la possibilité de choisir l’option qui leur convient… Tout est possible, et personne ne viendra les contredire.
1. La descente de croix de Daniele da Volterra : le retour des stigmates
La Descente de croix d’après Volterra est un des très beaux tableaux, le plus réussi peut-être, de ceux qui se trouvent dans le Chœur de l’église de Saint-Vérand Isère. Nous renvoyons pour plus de précisions les lecteurs au Cahier de Saint-Vérand Hors Série n°11 – 2020, disponible auprès de l’association SVHA, mairie de Saint-Vérand.
Comme toutes les copies présentes dans cette église, celle-ci, due au peintre Lainé (signature apparente), ne manque pas de se distinguer de l’original par quelques menus détails. Ici, nous en relevons deux, qui correspondent à ce que la tradition baptise les « stigmates » de la crucifixion. La plaie au côté droit et la trace du clou sur les pieds. Ces détails Volterra ne les a pas peints, le copiste les a rétablis. Pourquoi ? Deux hypothèses. La plus psychologique : il n’a pas voulu décevoir le paroissien ordinaire qui allait prier devant ce tableau et pour qui ces signes sont « obligés ». La plus logique : la peinture de Volterra était dans un état lamentable au moment où cette copie a été peinte, elle est donc moins la copie de l’original que d’une gravure représentant cet original. Les stigmates y étaient sans doute dessinés… par convention.
Jacques Roux