par Jacques-Léopold Brochier
Localisée au sein des montagnes du haut Diois, cette grotte s’ouvre plein sud à1 440 m d’altitude, à la base d’une falaise haute d’une centaine de mètres, qui couronne le versant méridional de la montagne de la Varaime. Les fouilles ont montré plusieurs couches d’occupation pendant 6 000 ans de notre histoire.
Les premières installations humaines remontent au Néolithique moyen chasséen (IVe millénaire avant notre ère), puis au Néolithique final, à l’âge du Bronze ancien, 2000 ans avant notre ère et à l’âge du Bronze final, 1000 ans avant notre ère. Pour toutes ces périodes, les traces laissées à l’entrée par de petits groupes humains correspondent dans la galerie obscure à d’épaisses accumulations de fumiers animaux. La grotte a donc servi de bergerie temporaire pour parquer des troupeaux de chèvres et de moutons avant d’accéder aux pâturages d’altitude voisins. Des rituels liés au pastoralisme, comme le sacrifice de bovidés, auraient eu lieu sous le porche. Des passages sont ensuite attestés à l’âge du Fer, au cours de l’Antiquité et du Moyen Âge.
Tune de la Varaime, sondage à l’entrée de la grotte montrant une mille-feuille de couches résultant d’une accumulation de fumiers d’animaux.
La grotte est aussi un sanctuaire de l’art schématique linéaire
La Tune de la Varaime est connue pour les centaines de gravures datées des débuts de notre ère qui couvrent ses parois. Classée Monument historique, elle présente un des plus intéressants ensembles d’art rupestre des Alpes. C’est un art abstrait, un art du signe appelé « art schématique linéaire ». Les figures gravées sont très schématisées et porteuses d’une charge symbolique forte. Elles appartiennent à un registre bien connu en altitude des Pyrénées aux Alpes : quadrillages, zigzags, signes en forme d’arbre, de soleil, plus rarement d’homme ou d’animal. L’absence à la même période de traces d’occupation humaine montre que la grotte doit être considérée pour cette période comme un lieu de culte.
