Par Jacques Roux
J’ai posté sur notre site, l’an dernier, sous le titre générique : « Éloge des téléfilms de Noël et des bons sentiments », une série de quatre articles (les 7, 20, 27 septembre 2021 et 5 octobre 2021) dans lesquels je défendais le droit de tout un chacun à savourer sereinement, sans avoir à douter de ses capacités intellectuelles et de son niveau culturel, des téléfilms présentés par un certain Cédric Melon dans Télé Cable Sat du 26 décembre 2020 comme de purs produits de « business » et, selon lui, « dégoulinants de bons sentiments ». Il se trouve que dans le numéro 1864 de TV Magazine du 23 octobre de cette année un article signé Nicolas Vollaire remet ça, avec une outrecuidance qui force l’admiration puisqu’il y est question de : « fiction-romantico-sentimentale dégoulinante de bons sentiments ». Braves gens dont le cœur vibre lorsque celui des héros de votre fiction se met à battre à l’unisson, vous voici donc prévenus : c’est sur vous que « ça dégouline » ! Planquez-vous ou retournez à de plus saines occupations, comme visionner un de ces polars qui squattent tous les écrans et qui ne dégoulinent, eux, que de bon sang bien frais.
Ou, mieux encore, regardez un de ces docs/fictions bien sentis dont Arte et quelques chaînes ou radios se font une spécialité ces derniers temps pour vous convaincre, entre autres, que le « genre » a « mauvais genre », et plus généralement que vous n’êtes (je suis des vôtres) que les tenants et vecteurs de « valeurs ultra-conservatrices ». Ce que déclare avec la fougue d’une jeunesse mal digérée Maureen Lepers, présentée comme « chercheuse » par 20 Minutes dans l’article : « Y a plus de saisons » du 24 octobre 2022. (https://www.20minutes.fr/television/4006934-20221024-telefilms-noel-arrivent-automne-nouveau-printemps-demain). Apparemment la « chercheuse » a trouvé sa voie et tient à ce que le commun des mortels la suive…
Comment se fait-il que ces chères pastilles sucrées si douces et si subtiles quand on ne les regarde pas comme la dame sus-citée avec l’œil de Sandrine Rousseau suscitent tant de haine ? Et de stupide mépris ?
Les as de l’impro
Je ne doute pas que nos lecteurs comprendront qu’au-delà de ces téléfilms – dont la subtilité dépasse la plupart du temps celle de leurs si prétentieux et si sûrs d’eux critiques – d’autres cibles sont dans le collimateur. La culture mesdames et messieurs, c’est chasse gardée. Et aujourd’hui la culture c’est « déconstruire », si l’on en croit Madame Lepers qui badigeonne ainsi à la sauce d’un wokisme de pacotille le vocabulaire et la pensée minutieuse et complexe de Jacques Derrida. Comme j’ai dû voir mon premier film quand son grand-père suçait encore son pouce, j’estime avoir légitimité à détourner mes lecteurs des préceptes de cette « Docteure en Etudes cinématographiques et audiovisuelles » dont le discours, je veux l’espérer, occulte peut-être de réels mérites.
« Parlons peu mais parlons bien » répétait ma chère Maman quand il s’agissait de traiter d’une question d’importance, trouver trois sous pour manger à midi par exemple. Dans l’affaire qui nous occupe il convient de rappeler d’abord deux points. La « romance de Noël », pas plus que tout téléfilm défini comme « romance », ne sont des concepts. Ce sont des termes génériques permettant aux « professionnels » que sont les diffuseurs et leurs partenaires obligés, les correspondants des médias (main dans la main c’est dans la même poche, celle du public, qu’ils trouvent leur pitance) de « classer ». Le grand souci de tout commerçant, et d’ailleurs aussi de nombre de travailleurs intellectuels, c’est de « classer ». Quand on a mis la chose dans « sa » boîte, on se rassure, le monde prend du sens, la boutique peut tourner. En second lieu je précise, cela va de soi mais les gens sont si méchants, que je ne fais pas de la « romance de Noël », ni de toutes les romances télévisuelles, dont elle n’est qu’une variante, un parangon absolu de la création cinématographique.
Mais à la différence des personnes que j’ai citées plus haut je ne les mets pas a priori à la poubelle. Et pas plus eux que leur public aux valeurs prétendument « ultra-conservatrices » !!! Je n’oublie pas en outre d’observer que la romance, qui n’est elle-même qu’un sous-genre – mince ! je n’aurais pas dû employer ce terme clivantissime !!! – de la comédie et accessoirement du « mélo », autre « genre » – rebelote – destiné au grand public et incontinent méprisé par l’intelligentsia, partage avec eux un ostracisme historique qui les situe très au-dessous de toute création dans lequel le « sérieux » prédomine. A parte : je souris à ce moment de mon propos en pensant à Jankélévitch qui fait du « sérieux » un de ses trois critères existentiels. Le plus proche de « l’ennui », soit dit.
Cri de guerre de nos grands intellos critiques : « Donnez-nous des enjeux sociaux mais si possible avec des larmes, des cris, de la lutte des classes et des femmes opprimées. Rosi si, De Sica no ! » La référence est vieillotte mais elle peut inciter Mme Lepers à retourner à une Cinémathèque qu’elle a dû beaucoup fréquenter durant ses études.
Dans les articles évoqués plus haut, je pense avoir fait apparaître que les scénaristes de ces romances si décriées sont en quelque sorte les rois du tricot. Partant, comme il se doit, d’un « patron » prédéfini, ils introduisent là où il le faut les variations les plus significatives, les plus allusives parfois, permettant de déboucher sur des intrigues inattendues, des situations déconcertantes.
Que nous, public « consentant », percevons ! Là où, au contraire, nos éminents critiques (on a compris que désormais je néglige ce cher Cédric Melon au détriment du fringant Vollaire – pas de pot, à une lettre près ! – et de la sémillante Lepers), ne voient que du « ron-ron » ! Il est vrai qu’à la différence de ces idéologues de salon, nous nous intéressons à ces « sous-produits », et restons ouverts aux nuances, aux faux semblants, faux raccords et autres glissements qui, comme dans ces jeux populaires dont la commedia dell’arte inaugura l’histoire dans notre culture, permettent à partir d’une trame convenue d’ouvrir des portes nouvelles. Du temps du grand-père de la dame Lepers la durée de la pièce de Jean Poiret, « La cage aux folles », jouée par lui et Michel Serrault, pouvait varier du simple au quasi double. Et les improvisations que le premier jazzman venu s’autorise avec des « chansonnettes » aimées par le bon peuple illustrent mieux que je ne saurais le dire le travail de ces tacherons du scénario que sont les auteurs des « romances de Noël ». Je l’affirme, ce sont des as de l’impro, et si c’est ça l’ultra-conservatisme, je dis bravo et bis !
Idéologie et désinvolture
Lisons Maureen Lepers : « Quelqu’un qui regarde beaucoup ces films peut prévoir la fin au bout de 10 minutes car ils sont faits de conventions génériques qui font qu’on n’est jamais surpris. » Eh bien elle a raison ! Et elle a tort.
Parce qu’elle a possiblement vu quelques uns de ces téléfilms, non pour eux-mêmes mais « en vue de » : une étude, un exposé brillant devant d’autres têtes chercheuses, ou juste pour cet article de 20 Minutes, elle a compris que dès l’ouverture, ou le prologue, les deux mots peuvent se justifier, on sait qui sera l’héroïne ET le héros (pas de préséance) et que, quels que soient les partenaires originaires de lui et/ou d’elle, ils « finiront ensemble » dans un baiser inévitable (sinon : « remboursez ! ») à la fois chaste et drôle puisque souvent en public et copieusement applaudi par icelui. Elle a donc raison.
Sauf que, chère Maureen Lepers, la fin, le public de ces téléfilms la connaît avant même le début du film !!! Ne vous faites pas plus bête que les médias dans lesquels vous intervenez : c’est justement parce que ce type de film va « bien finir » qu’on le regarde. Et il finit « bien » parce que le public (aux « valeurs ultra » etc.) veut… et donc « sait » que le couple potentiel du début va, comme ce pauvre Ulysse, celui d’Homère j’entends, trouver sa maison, son baiser, après et malgré moult avatars, soucis, malentendus, tourments. Ce type de film relève de ce qui s’appelle « la garantie fin heureuse ». La vraie vie, restons chez Jankélévitch, c’est le « je ne sais quoi » de l’avenir. Mais avec la romance, de Noël ou toute autre saison, « JE SAIS » ! Mes inquiétudes ne vireront pas à l’angoisse, mes déceptions ne seront que passagères et ne me conduiront pas au désespoir. Je resterai paisible jusqu’au dénouement. Ma romance, c’est une parenthèse. Conçue et voulue comme telle. Attitude sans doute « ultra conservatrice », n’est-ce pas ? Mais, réfléchissez-y Mme Lepers, nous ne sommes pas si différents. Chez vous, comme chez nous (le public des romances), la fin est contenue dans les prémices de votre argumentaire. Dès le début vous savez a priori où vous allez frapper de votre glaive vengeur. On appelle ça idéologie, ou religion, c’est la même chose. Et nous, les « ultra vieilles chaussettes », pas si bêtes que ça quand même, nous savons aussi dès le début ce que vous allez dire. Vous êtes si prévisible ! Le « dialogue » (je devrais dire le sketch), avec M. Vollaire ressemble (en moins subtil) à nos films, à ceci près que le lectorat de 20 Minutes n’est pas le vôtre mais plutôt celui des romances. Et qu’il n’a pas dû goûter trop.
Mais poursuivons : « elle a raison… et elle a tort ». Je m’explique, en piquant à Mme Lepers ses propres termes. Elle est restée à la surface… « de la vitrine », elle n’a voulu (ou pu ?) saisir que la partie « visible de l’iceberg ». La Fontaine nous a joliment expliqué cela autrefois : « qui veut noyer son chien… ». Ces téléfilms, elle a pu les « voir », elle ne les a pas « regardés ». Je m’explique avec un exemple un rien grossier, mais signifiant : dans un couple – je précise pour Mme Lepers : « hétéro » – on « voit » la personne avec qui l’on vit, mais sans nécessairement la « regarder » de manière appuyée, ce qui explique que monsieur peut raser sa moustache sans que sa partenaire l’aperçoive, et que ce soit la voisine qui fasse remarquer que madame « a bien mauvaise mine ce matin ». Madame Lepers n’a vu que le dessus du panier, utile pour appuyer son « point de vue », sans repérer le léger hiatus, la piste délaissée ou la piste imprévue, le déclic décalé ou, plus subtil, mais réservé aux aficionados, la « scène attendue », comme la bousculade des deux futurs partenaires ou le retour malencontreux, quand l’idylle prenait gentiment forme, du précédent partenaire, mâle ou femelle, scène « attendue » qui ne va pas suivre son cours « obligé ». Parce que l’amour et l’humour ont la même capacité à déjouer les attentes. Parce que le scénariste a improvisé.
On peut ne voir chez Woody Allen (ou Jerry Lewis) que les mères juives envahissantes, les adolescents régressifs, les mâles mâtures empêtrés dans leurs psychanalyse et les dames obsédées par leur ego, on peut ne voir chez Fellini que des femelles réduites à leurs mamelles gigantesques et des rêveries masculines transformant l’impuissance en fantasmagorie, on peut ne voir dans un film, quel qu’il soit, que ce qu’on veut y voir… Sans le conscientiser. Reproche que tout idéologue sert à chacun, en s’oubliant soi-même… Je sais, mon propos se mord la queue mais, c’est la différence avec celui de miss Lepers, je le sais.
On peut même ne pas se forcer à aller y voir de plus près. Exemple :
L’auteur du papier de 20 Minutes, Maxime Fettweis, brillant intervieweur de la « chercheuse », écrit : « Après un film mettant en scène un couple gay dans la cuvée de Noël 2021, les téléspectateurs et téléspectatrices découvriront cette année un téléfilm de Noël dont l’héroïne est en fauteuil roulant dans Noël avec le prince de mes rêves ou encore une histoire centrée sur un couple lesbien dans Noël toi et moi ». Phrase qui laisse entendre qu’il maîtrise la « saison 2021 » et qu’il est très renseigné sur la prochaine. Or un film lesbien a bien déjà été programmé, mais peut-être sur la 6 ou C8 chaînes très protectrices quant à leurs archives : je n’en ai pas retrouvé trace. Tôt ou tard il sera resservi ! Quant au téléfilm gay « Un noël d’enfer » que l’auteur ne nomme pas puisqu’il n’a pas pris la peine de chercher son titre, il n’aura été qu’un moment de la saison, plusieurs films intégrant alors des couples homo dans leur galerie de personnages. Ainsi le très consensuel « Noël chez les Mitchell » avec Robert Buckley, présentait-il le 18 novembre 2021 un couple gay attendant confirmation de l’adoption de leur premier enfant. Le plus révélateur du réel désintérêt de M. Fettweiss pour le sujet qu’il traite est l’annonce pour 2022 de « Noël avec le prince de mes rêves »… Qui a été diffusé le 17 novembre 2021 !
Ce que je souligne ici, c’est une désinvolture aussi méprisante pour le thème traité (et quand il s’agit de films il faut penser à l’ensemble des équipes qui les ont préparés et réalisés) que pour le lectorat auquel l’article est destiné. Sachant que ce lectorat est, pour une bonne part, le public des films stigmatisés, dont on se fiche ainsi mine de rien.
Film d’auteur et divertissement
Les romances ne sauraient être des références cinématographiques, ce n’est pas leur raison d’être. C’est celle du « cinéma d’auteur », lui qui se situe à l’écart des normes, des grilles et des impératifs d’audience. L’histoire récente nous a montré qu’il aura fallu quasi 50 ans pour que le film « La maman et la putain » soit offert enfin correctement au public. Si longtemps après la disparition de son auteur. Si longtemps aussi après la naissance de ce « public » qu’il cherchait : celui de 1973 n’avait peut-être pas encore les yeux en face des bons trous. Nos romances n’ont pas cette exigence, elles s’inscrivent dans le champ du divertissement. Mais il faut bien s’entendre sur ce que recouvre cette notion. Divertir c’est détourner. Donc, en un sens, tromper. La tromperie ici joue sur le présent et elle le fait sur deux tableaux. Parce que le mot présent signifie aussi « cadeau ». Le temps du visionnement d’une romance, notre vie présente se vit sous la forme du cadeau : nous ne sommes plus dans le « sérieux », nous sommes dans « l’aventure » (j’en reste à Jankélévitch), une aventure, c’est-à-dire un futur, qui se déploie devant nous en jouant avec nos craintes et nos attentes (la crainte est une attente, bien sûr, j’essaie juste de distinguer le positif et le négatif). Toute la réussite du cadeau potentiel réside dans un équilibre infime, d’une délicatesse difficile à codifier, que ce « jeu » a mission d’installer aux frontières de notre conscience. Toutes les Maureen Lepers du monde ne pourront rien contre cette évidence. Quand ma conscience s’est prise au jeu (un autre Jacques dirait : quand mon « je » joue), il n’y a pas d’autre réalité envisageable. Cela justifie mon plaisir et s’il est « ultra-conservateur » c’est peut-être pour la bonne raison que le plaisir ne s’éprouve que replié sur lui-même.
La saison du charcutage
Cette remarque, naïve, me ramène aux deux raisons qui ont suscité cette intervention sur le Mas. D’abord le positionnement ridicule des deux journalistes de TV Mag et 20 Minutes (Y a plus de saison !) et ensuite leur silence sur une question autrement plus préoccupante que la date de projection : le charcutage des téléfilms par TF1.
« Y a plus de saison », observe M. Fettweis dans 20 Minutes, et M. Vollaire dans TV Mag s’interroge : « Téléfilms de Noël en Octobre : est-ce bien raisonnable ? ». Ces messieurs auraient sans doute mieux fait de choisir les tréteaux du marché de légumes que le journalisme ! Le contenu d’un film impose-t-il de le visionner à une époque plutôt qu’une autre ? Quelle serait donc la bonne saison pour un Western ? Pour un film sur Marie-Antoinette ? Pour « La vie d’Adèle » ? Les films ne sont pas des haricots, qu’ils parlent de Noël, des vacances en bord de mer, des vertiges amoureux de l’adolescence ou de la détresse des personnes âgées en fin de vie, le bon mois, le bon jour, la bonne heure, c’est n’importe quand. Et si la Une (qui a ses raisons commerciales bien entendu, je ne suis pas niais, l’article de 20 Minutes est explicite à ce sujet) programme un jour des films de Noël à Pâques, ne s’en plaindront que ceux qui n’aiment pas ces téléfilms. C’est évident non ?
Par contre si l’on tient à « faire du journalisme » on ferait peut-être mieux de demander aux responsables de TF1 de quel droit ils charcutent à la convenance de leurs créneaux horaires les films qu’ils diffusent, comme s’il s’agissait de pans de tissus qu’on taille à la demande. Des exemples ? Deux seulement, mais il faut savoir qu’un téléfilm sur 3 environ est reconfiguré « pour la grille ». Ce 3 novembre 2022, le film « Noël avec le témoin amoureux » (les titres français sont indubitablement plus bécassons que les titres originaires) dure 1 heure 14 minutes. Il durait 1 heure 24 minutes 18 secondes le 18 novembre 2019 (chiffres relevés sur le site de rediffusion des chaînes Captvty). 10 minutes d’écarts, 10 minutes de film jetées à la poubelle. « Un Noël de Cendrillon » le 14 novembre 2020 durait 1 heure 27, ce 25 octobre 2022 il était réduit à 1 heure 16. Madame la Docteure es cinéma sait certainement qu’il a fallu longtemps lutter pour mettre fin à la censure d’Etat. Mais celle-ci était, je dirais (je suis « ultra » réac !) publique. Il y avait une commission, il y avait des informations données sur les raisons qui, par exemple (choisi pour égayer l’atmosphère de cet article un rien grognon) avaient fait sauter un certain nombre de séquences dénudées de « Et dieu créa la femme » en 1956. Raisons à pleurer rétrospectivement de rire, mais la Belle rendit la Bête ridicule puisqu’elle tira sa propre gloire de sa pudibonderie. Chez TF1 par contre c’est black-out ! Qui décide ? A quel moment ? Sur quels critères ? Est-ce que les « journalistes » qui se permettent d’annoter ces téléfilms en les jugeant « trop », « pas assez », se préoccupent, ne serait-ce qu’une fois dans leur petite vie professionnelle, de la nature de l’objet qu’on leur donne à contempler ? Quelles scènes ont disparu ? Quels dialogues ? Pour avoir visionné deux versions différemment charcutées par TF1 de « Coup de foudre chez le père Noël » j’ai constaté qu’une séquence supprimée dans la version courte était un moment de pure grâce silencieuse, les deux héros, entourés de membres de leur famille, le soir de Noël, échangeaient seulement, à distance, un regard, amorce d’un sentiment encore méconnu mais destiné à se développer. Un regard que les scénaristes, le metteur en scène avaient sciemment, pudiquement, placé là, comme un jalon. A la trappe le silence ! Trente secondes de gagné. Parmi d’autres et d’autres encore. Plus tard un quelconque plumitif de faction, d’une plume lasse et goguenarde a pu noter que l’histoire était bateau, qu’elle manquait de finesse : circulez il n’y a rien à voir. Et pour cause.
A bien y réfléchir, je me demande si Mme Lepers n’y serait pas pour quelque chose, dans ces coupures intempestives et secrètes ! Ne serait-ce pas là une façon très révolutionnaire de « déconstruire » une histoire d’amour « ultra-normative », de type « exclusif », aussi bien entre un gars et une fille… archaïque quoi ?
A creuser.
Note complémentaire : dans le Parisien du 5 novembre 2022 le comédien-réalisateur Florian Hessique s’exprime en toute simplicité sur le « genre » film de Noël auquel il vient d’apporter une touche ludique – et française : « Le défi de Noël ». « Les films de Noël ne font de mal à personne » déclare-t-il, ce que nous lui accorderons volontiers. Il reste à souhaiter que le public français friand des téléfilms de Noël accepte de se rendre en salles pour satisfaire à son péché mignon, sans son canapé.