Par Jacques Roux
Le 27 novembre 2022 nous rendions hommage à Gaby Beaume, peintre et dessinateur ardéchois qui venait de décéder. Aujourd’hui, alors que ses deux fils viennent de prendre possession d’un héritage pictural méconnu, il n’est pas interdit de penser qu’ils vont s’attacher à lui donner une visibilité que la modestie de leur père n’a jamais cherchée. Il nous plaît d’encourager cette démarche en présentant, parmi les nombreux dessins de cet artiste discret, trois de ceux qui chantent, de leur tracé élégant, la beauté de sites que cet Ardéchois de souche honorait sans nul doute comme des biens de famille.
Le château de Boulogne
Il est vu ici comme un touriste ne le voit jamais, non par son entrée principale, mais par en dessous, avec le cortège de bâtisses à qui il accordait, autrefois, sa protection.
Le château de Versas
Bâtisse qui abrita l’histoire complexe d’une lignée disparue mais qui fournira longtemps du grain à moudre aux historiens locaux. Il n’est pas inutile de confronter le dessin de Gaby Beaume à la vision réaliste du cliché qu’on trouve un peu partout sur Internet.
Gaby Beaume a choisi de ne pas prendre le parti de la frontalité, avec son côté ostentatoire et quelque peu prétentieux, mais s’est placé, en paysan du coin, dans les coulisses, prenant le chemin et les escaliers des communs. Adieu la façade imposante et la tour arrogante et intrusion du silence : entre le château, qui n’a rien d’un château, et la petite tour du colombier, l’espace est ouvert. L’œil se balade et l’imagination aussi.
La tour de Brison
Telle qu’elle était quand Gaby Beaume la dessina.
Aujourd’hui restaurée elle permet de veiller, du plus haut, aux départs d’incendie fréquents en ce secteur. Chez Gaby Beaume, et indéfiniment, elle ne parle que la langue du temps qui passe, qui détruit (avec l’aide imbécile de certains hommes, il va de soi) et nous enseigne à contempler notre destinée avec modestie