Par christian Pevet
Christian Pevet, un habitué du Mas, nous fait l’amitié de nous adresser un nouveau courrier. En patois bien sûr ! « Lo Kristian », on s’en souvient, est un brillant défenseur de ce parler local qu’il s’attache, avec d’autres passionnés, à faire revivre. A l’origine, il voulait simplement ajouter une touche au portrait du Félicien, le cantonnier de Saint-Vérand (Isère) qui partage la vedette avec Roger Burlet dans notre article du 15 septembre dernier. Mais son talent de conteur patoisant l’a, pour notre plus grand plaisir, amené à rédiger une chronique sans prétention, mais non sans malice, autour du patrimoine.
A l’intrâ, y’a bravamin d’événamin ke rapelan lo Patrimoèn : le jornâ do Patrimoèn, bin seu, mé avoué la fiér a Bôkréssin, le rinkontr do Patrimoèn, le vindèmie, la rekort de nui,…
Y’a bravamin de tin k’étié pâ alâ a la fiér a Bôkréssin ! Ayin invitâ de kôpin do Périgord pe dékuvri tyin… é z’an’ ayé intindu parlâ, mé é z’étian jamé veneu y vér, alo, étié l’ôkazion Sian t’arivâ ava, lo divindr (jou de le bètye), é z’an to préveu pe garâ la vetura : « venié don per itié, é lo méyou « parking » de la fiér, veta vetura sara byin trankila, é va atindr sajamin veton retour … » … é, hop, kâtr euro !
Apré ke, bin, sian alâ vér le bètye : ayé de vâch, de bôye, de chivô, de miôl, de kayon, de fiyeu, de monton, de chin, de cheur, é tote le polây vé la kolina de Parménie…So de chapitô to blan, de bétye byin protéjâ, … lou Charolé ! Yan veu in toré, bravamin koliô, ke pezan mé de kinz kintô, … érouzamin, ol étié byin sâj, in brizon somnolan, to lo mond a fâ la fotô !
A peu, bin seu, a méjô, yan garâ si ayé ina têta de viô (sôsse gribich), o in tayon de chèr de Charolé a mijé, mé ayé ina longa fila de jin k’atindian, é, finalamin, yan mijé ina « sôssispurée » avu de sèrvoiz (ina bièr) a bèr,… ayé pâ de bakô, ni de klinton !
Bon, to s’é byin passâ, se sian redu bravamin marfondu…
Sian éta avoué garâ lou tablô de l’élièz de Sinvrin, avu l’éklérâj do Jâk Rou, ke nez’a explikâ la Madone, lo petié Jézu, lou z’apôtr, lou barjé, lo Sinvrin, … é lo Zé, ke simbl in brizon … mélankôlik ! … ô se demind k’ét’ô k’ô fâ itié ?! Pe fâr ina petiète mârch a pié dapeu vé nez’ôtr a travèr lou boé, sian étâ o châteu de Kinssivé : fazié bravamin chô, é pâ byin norma pe la sézon… ayin pluteu dyin l’idée d’alâ se trinpâ dyin l’ég !
A peu, y’a eu le rinkontr do Patrimoèn, bravamin de jin ke se passionne pe tote le « vieilleri », lou viouz’ outeu do Maurice a Varacieux,… pe inkubiyâ le banât pe vindémié, ramassâ le nui, le fâr seché, tria le kakarô, le vérouz…
Pe la Toussaint, sian étâ, bin seu, ô simantèr, é me sieu rapelâ kokin ke me parlâv do Félicien, lo kantonnié (vèr l’artikl su Roger Burlet) ke dizié, kan t’ol ayé fini de rebouchâ ina tombe, avu sa pâl o se pié, byin tassâ : « Te, te rèst itié, me, m’in voué… »
A Sinvrin, ya eu avoué ina brâv èspozission de fotô ancienne su l’ékôl é l’istouèr do vilâj, byin konsarvâ pe lo Raymond Inard, k’a atirâ bravamin de monde… se sian veu é yan veu noz’ anssyin to joueun, ke de z’émossion !
L’intrâ é, pe me, ina brâva sézon, é kom lo méyou momin de la jorna : « a no, a la kouch ! »
Christian Pevet est président de l’association « Quand le patois revit o paï de la Franketa ». La Franquette est une noix originaire de Notre-Dame de l’Osier, village de l’Isère très proche de Vinay où se trouve le siège de l’association, en plein coeur de la zone AOP noix de Grenoble.
Traduction : Le Patrimoine
A l’automne, il y a beaucoup d’événements qui rappellent le patrimoine : les journées du patrimoine, bien sûr, mais aussi la foire à Beaucroissant, les rencontres du patrimoine, les vendanges, la récolte des noix, …
Il y a longtemps que je n’étais pas allé à la foire à Beaucroissant !
J’avais invité des copains du Périgord pour découvrir ça… Ils en avaient entendu parler, mais ils n’étaient jamais venus « y » voir, alors, c’était l’occasion ! Nous sommes arrivés, le vendredi (jour des bêtes), tout est prévu pour garer la voiture : « venez donc par ici, c’est le meilleurs parking de la foire, votre voiture sera bien tranquille, elle va attendre sagement votre retour… » … et, hop, quatre euros !
Après cela, et bien, nous sommes allés voir les bêtes : il y avait des vaches, des génisses, des chevaux, des mulets, des cochons, des brebis, des moutons, des chèvres, et toute la volaille vers la colline de Parménie… Sous des chapiteaux tout blancs, des bêtes bien protégées, … les Charolais ! Nous avons vu un taureau, bien costaud, qui pesait plus de quinze cents kilos, … heureusement, il était bien sage, un peu somnolent, tout le monde l’a pris en photo !
Et puis, bien sûr, à midi, on a cherché si il y avait une tête de veau (sauce gribiche), ou un steak de Charolais à manger, mais il y avait une longue file de gens qui attendaient, et, finalement, nous avons mangé une « saucisse purée » avec une bière à boire, … il n’y avait pas de bacôt, ni de clinton !
Bon, tout s’est bien passé, nous sommes rentrés bien fatigués …
Nous sommes allés aussi regarder les tableaux de l’église de Saint-Vérand, avec l’éclairage du Jacques Roux, qui nous a expliqué la Madone, le Petit Jésus, les apôtres, les bergers, le Saint Vérand,… et le Joseph, qui semble un peu… mélancolique!… il se demande ce qu’il fait ici ?! Pour faire une petite marche à pied depuis chez nous à travers les bois, nous sommes allés au château de Quincivet : il faisait très chaud, ce n’est pas bien normal pour la saison… on avait plutôt envie d’aller se tremper dans l’eau !
Et puis, il y a eu les rencontres du Patrimoine, beaucoup de gens qui se passionnent pour toutes les « vieilleries », les vieux outils du Maurice à Varacieux, … pour mettre à tremper les bennes pour les vendanges, ramasser les noix, les faire sécher, trier les creuses, les véreuses…
Pour la Toussaint, nous sommes allés, bien sûr, au cimetière, et je me suis rappelé quelqu’un qui me parlait du Félicien, le cantonnier, (voir l’article sur Roger Burlet) qui disait, quand il avait fini de reboucher une tombe, avec sa pelle ou ses pieds, bien tassée : « toi, tu restes ici, moi, je m’en vais… »
A Saint-Vérand, il y a eu aussi une belle exposition de photos anciennes sur l’école et l’histoire du village, bien conservées par le Raymond Inard, qui a attirée beaucoup de monde… Nous nous sommes vus et nous avons vu nos anciens tout jeunes, que d’émotions !
L’automne est, pour moi, une belle saison, c’est comme le meilleur moment de la journée : « le soir, quand on se couche ! »
Quelques patoisants de « La Franketa » en visite chez leur président cet été.
NOTE
Les photographies appartiennent à Christian Pevet.