1. PHOTOREPORTAGE
La salle des fêtes de la commune de Montagne (Isère, France), mise à disposition par la municipalité et décorée par des membres et amis de l’Association Européenne Willi Münzenberg (AEWM).
Documentation offerte à l’AEWM et exposée par Jenny Schindler, représentante de l’Association Münzenbergs Erben e.V., Berlin
Michel Jolland, président de l’AEWM accueille les participants : nous sommes ici pour la mémoire de Münzenberg, pour le partenariat entre la France et l’Allemagne, pour l’unité de l’Europe, pour la défense des droits universels et des libertés démocratiques, pour la solidarité et la Paix dans le monde…
Hans Woller en pleine conférence sur Dieulefit, terre de refuge, terre de sauvetage : on a commencé à parler de Miracle du Silence pour dire l’étonnement devant le fait que la communauté de tout un bourg et des villages autour ait pu se taire pendant toute la période de l’occupation et faire en sorte à ce que les persécutés trouvent là pas seulement un lieu pour se cacher – certains pour quelques semaines, d’autres pour quatre longues années -, mais comme beaucoup de témoins l’ont souligné, une sorte de havre de paix, de la chaleur humaine dans une ambiance, un environnement de « non – peur » , comme devait le dire un des sauvés plus tard…
François Genton, universitaire, spécialiste de culture allemande : nous avons une pensée pour toutes celles et ceux qui auraient dû aujourd’hui participer à la table ronde. Le professeur Thomas Keller qui nous a adressé un texte dont vous allez avoir connaissance dans quelques minutes, madame Barbara Barberon-Zimmermann de l’association Arabesques, Tania Schlie qui, comme son amie Simone Roche, membre d’honneur de notre association, aurait beaucoup aimé être parmi nous. C’est hélas aussi le cas de notre ami Bernhard Bayerlein, historien et vice-président de l’AEWM, qui a tant oeuvré, et depuis de longs mois, pour cette journée et qui malheureusement se trouve en dernière minute empêché pour raison de santé…
Texte du Pr Thomas Keller, germaniste, historien et spécialiste du domaine de la culture, auteur de plusieurs études sur les lieux de mémoire franco-allemands, lu par Angelika Dubuis : « le Parcours Münzenberg est un nouveau lieu de mémoire franco-allemand. Il s’inscrit dans la lignée des nombreux lieux de mémoire et de commémoration partagés qui ont vu le jour ces dernières décennies dans le sud de la France, loin de la frontière allemande. Ce sont des lieux comme Sanary, Les Milles, Passages à Port Bou pour Walter Benjamin, mais aussi des lieux de sauvetage comme Dieulefit. Ils représentent un terrain de partage, entre deux histoires, deux héritages, deux nationalités et deux pays en marche vers l’avenir…
Ouverture de la table ronde par François Genton : l’expression de lieu de mémoire, créée par Pierre Nora dans un ouvrage collectif publié en 3 volumes, de 1984 à 1992, est passée dans la langue. Elle est liée à toute la réflexion sur la mémoire collective. Un lieu de mémoire, ce peut être un endroit, un bâtiment, un champ de bataille, une personne, un chant, la gastronomie, un auteur, la chanson, etc. Parlons du cas franco-allemand. Constatons d’abord que la connaissance réciproque de l’un et de l’autre, si elle est bien avancée chez les spécialistes, recule dans l’opinion publique, puisque l’allemand est de moins en moins enseigné en France et le français en Allemagne. Et constatons ensuite que les coopérations pour des lieux de mémoire franco-allemands ont des aspects parfois problématiques, puisque la bonne volonté affichée des deux côtés n’empêche pas que l’on voie parfois une mémoire nationale s’imposer à l’autre. D’où l’importance de se parler, d’échanger, de construire ensemble, ce que nous nous proposons de faire ici aujourd’hui…
Madame Roselyne Martin, directrice de l’Office de Tourisme, lit un message de M. le Maire de Sanary-sur-Mer : la ville de Sanary-sur-Mer est fière de se tenir aujourd’hui aux côtés de la commune de Montagne pour inaugurer le parcours d’un homme exceptionnel. Son nom résonne comme un symbole de résistance et d’engagement face à l’oppression. Ce parcours est non seulement un hommage à son héritage, mais aussi une invitation à réfléchir sur l’histoire collective des exilés qui, comme lui, ont cherché refuge loin de leurs terres natales…
Geörgy Széll, sociologue, membre du Comité scientifique de la Fondation du Camp des Milles s’exprime : Münzenberg a été l’un des premiers à reconnaître l’importance de ce qu’on désignera plus tard par l’expression « le Tiers Monde », il était profondément européen, et c’était un grand humaniste. L’héritage des Lumières est la seule approche pour transgresser les défis de notre époque, laquelle ne semble malheureusement pas avoir appris beaucoup de l’histoire. Je vous transmets à cette occasion le message pacifiste de la ville de la culture de la paix, Osnabrück – où je vis et travaille depuis un demi siècle – avec son Prix Erich Maria Remarque et son Centre de Paix Erich Maria Remarque. Son fils le plus connu était en effet Erich Maria Remarque, dont les livres furent, avec les publications de Willi Münzenberg, parmi les premiers à être brûlés…
Jenny Schindler, représentante de la Fondation Willi Münzenbergs Erben s’adresse à la salle en allemand : depuis Berlin, nous souhaitons remercier toutes les personnes engagées, ici à Montagne et dans les environs, pour leurs efforts visant à créer un nouveau lieu vivant pour la mémoire de Willi Münzenberg, pour son héritage et, à quelques mois du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, pour l’exemple particulier des relations franco-allemandes qu’il su créer. A une époque où la guerre fait à nouveau rage dans une partie de l’Europe et où, en Allemagne et en France, des forces s’emparent du pouvoir en se référant à ceux que Willi Münzenberg combattait déjà en 1924 – les extrémistes de droite et les fascistes -, il est important de conserver ensemble le souvenir de Willi Münzenberg et de le rendre utile au monde d’aujourd’hui. Nous le faisons à Berlin et vous vous le faites, ici à Montagne. Mais nous le faisons ensemble…
Madame Corinne Mandier, maire de Montagne : « Je suis heureuse de vous accueillir pour l’inauguration du Parcours Willi Münzenberg. Nous sommes pour l’instant sous le préau de l’école mais comme la pluie semble s’éloigner nous allons pouvoir rejoindre l’emplacement prévu… »
Regroupement à l’emplacement prévu. C’est la fin de l’averse, quelques parapluies sont encore en service…
Magali, Teyzier, guide conférencière, secrétaire de l’AEWM : en étroite liaison avec madame la Maire et l’appui de la municipalité, nous avons mis en place un parcours accessible composé de trois panneaux en trois langues (français, allemand, anglais). Le premier, qui se trouve à côté de moi, ici au centre du village, présente Wiili Münzenberg, sa vie et son action. Le deuxième est au bois du Cognet où fut découvert son corps, le troisième au cimetière où nous nous rendrons tout à l’heure. Nous avons souhaité rendre ces panneaux accessibles au plus grand nombre. Ils sont installés de manière à faciliter l’accessibilité aux informations qu’ils proposent. Chaque panneau comporte un QR-code renvoyant à des données complémentaires. Celles-ci sont disponibles en version FALC (Facile à lire et à comprendre) et sous forme audio…
Le facile à lire et à comprendre (FALC) permet de rendre l’information plus simple, plus claire et ainsi utile à tout le monde, notamment aux personnes en situation de handicap ou maîtrisant mal la langue française. Le logo figurant en bas de page indique que la version FALC du texte Willi Münzenberg, conçue et réalisée par Magali Teyzier, est dûment certifiée et peut donc être diffusée, soit par l’intermédiaire du QR-code, soit sous forme de publication.
Avant de couper le ruban, madame Corinne Mandier souligne la solennité de l’instant : nous savons aujourd’hui que le corps retrouvé au bois du Cognet le 17 octobre 1940 était celui d’un homme politique ayant joué un rôle majeur entre les deux guerres. En installant ce parcours, l’Association Européenne Willi Münzenberg et la commune de Montagne honorent la mémoire de cette personnalité hors du commun et créent un lieu de mémoire franco-allemand…
L’un des moments forts de la journée. Madame Corinne Mandier coupe le ruban, inaugurant ainsi officiellement le Parcours Willi Münzenberg…
Panneau 1, situé près de la mairie et de l’école de Montagne
Les participants se déplacent en suite vers le cimetière pour découvrir le panneau 3
Moment particulièrement émouvant : la halte devant la tombe de Willi Münzenberg. Magali Teyzier rappelle que Münzenberg a d’abord été inhumé dans une « fosse commune ». Désireuse de lui donner une vraie sépulture, Babette Gross, sa compagne et fidèle collaboratrice vivant alors au Mexique, fait le nécessaire à distance. C’est finalement le secrétaire de mairie, monsieur Joseph Micoud qui s’occupe d’acheter la concession perpétuelle de 3 m² sur laquelle est ensuite érigée la tombe toute simple de Münzenberg. Il faudra attendre 1948 pour que soit apportée la dernière touche, à savoir la stèle et l’inscription funéraire que nous voyons encore aujourd’hui. Jusqu’au début des années 1970, Babette Gross a pourvu à l’entretien de la tombe. Des habitants de Montagne ont pris bénévolement la relève pendant plusieurs décennies. Dans ses courriers adressés à la mairie, Babette a manifesté sa reconnaissance pour les gens du village qui effectuent des démarches pour elle et entretiennent la tombe. Elle veille aussi à toujours les dédommager financièrement…
Dernier souhait ( dernière prière)
« Si un jour je devais mourir
Mettez-moi sur ma tombe
trois roses, rouge foncé,
parce que je les aime tant
Et écrivez sur la pierre
en caractères rouge foncé :
c’est avec son cerveau et son coeur,
Même si cela ne sert à rien,
qu’il s’est efforcé d’atteindre la lumière »
Willi Münzenberg, 1915 (traduction : Micheline Revet)
C’est la fin de la cérémonie au cimetière. Micheline Revet, rappelle que l’Association les Héritiers de Münzenberg de Berlin, représentée ce jour par Jenny Schindler, est activement impliquée dans tout ce qui se fait à Montagne pour la mémoire de Münzenberg…
Crédits photographiques
Tristan Aubineau (Office de Tourisme de Sanary-sur-Mer)
Angelika Dubuis (AEWM)
René Guigard (AEWM)
Jean-Marc Teyzier (AEWM)
(photoreportage réalisé par Michel Jolland, octobre 2024)
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2. ARTICLES DE PRESSE
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3. DOCUMENTS COMPLÉMENTAIRES
3.1 Programme de la journée du 12 octobre
3.2 Message de madame Barbara Barberon-Zimmermann (Hambourg) – Extraits
3.3 Message de Kasper Braskén (New York City) à propos de l’inauguration du Parcours Willi Münzenberg à Montagne
« This is indeed a milestone for the remembrance of Münzenberg and his legacy. Best wishes from the New School for Social Research, New York City, where I currently work as visiting scholar. In Solidarity, Kasper.
C’est vraiment une étape importante pour la mémoire de Münzenberg et pour son héritage. Meilleurs vœux depuis la New School for Social Research, à New York, où je travaille actuellement en tant que chercheur invité. En toute solidarité, Kasper »
4. VIDÉOREPORTAGE (réalisation : Jacques Mouriquand)
Mis à jour le 07 novembre 2024