Le mas du Barret

Pazdzerski et Volle à Vals les Bains

Par Jacques Roux

De Pazdzerski nous avons évoqué il y a peu le projet conduit à Aubenas avec JP Gelly : « Osmose ». Nous allons y revenir car ce projet n’est pas sans faire écho à l’actuelle exposition qu’il présente à Vals-les-Bains au côté de Serge Volle. Car ici aussi on pourrait parler d’osmose : deux peintres dont l’histoire naît dans les soubresauts d’un XXème siècle marqué par le conflit entre le figuratif et l’abstrait, chacun avec ses a priori, son parcours, son obstination et indifférents tous deux aux tentations commerciales aussi bien qu’aux diktats de « l’art contemporain » (dont il faudra attendre que l’histoire ait balayé les gigantesques scories pour repérer la marque authentique). Serge Volle, André Pazdzerski, dont les productions ne sauraient être confondues et dont les premières œuvres se distinguaient radicalement, n’ont cessé pourtant de cheminer côte à côte. Un peu comme deux artisans ou deux paysans dont le souci n’est pas l’autre, sa concurrence éventuelle, mais soi, ses propres capacités, son propre investissement. Or, en ce printemps incandescent, leurs deux trajectoires, jusqu’ici parallèles, se rejoignent discrètement dans la petite salle dite « de la Volane », au Casino de Vals, à deux encablures d’une piscine bondée et bruyante. Et c’est un choc. Car nos deux voyageurs solitaires offrent aux regards la conjonction de deux œuvres, pourtant absolument étrangères l’une à l’autre, et néanmoins harmonieusement complices.
Intrigante harmonie du dissemblable
Etrange et lumineuse harmonie. Ici l’art dit plus que l’art, il dit aussi que l’autre aussi étranger me soit-il peut me côtoyer et, se mettant en valeur me valoriser aussi. La mise en regard de ces quelques 50 tableaux est, pour le visiteur, une expérience prodigieuse. Si Frossard avait rencontré Dieu (sujet d’une conversation entre nos deux artistes, l’autre dimanche !) nous pouvons dire que nous avons rencontré la « Peinture » : la Peinture existe j’ai rencontré deux Peintres !
Ils sont vivants et c’est en Ardèche qu’ils signent des œuvres qui marqueront leur temps.

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Couper le cumacle ? Quelle drôle d’idée !

Par Michel Jolland

Il y a quelques mois, Jacques Roux, habituel et talentueux contributeur du Mas, me posait une de ces questions qui, apparemment anodines, s’incrustent et vous taraudent jusqu’à ce qu’apparaisse une réponse, ou à tout le moins une ébauche d’explication que l’on s’applique à juger suffisante pour tromper l’inconfort né d’une situation de doute et de questionnement. En réalité la question était double : « Connais-tu l’expression couper le cumacle ? », « l’employait-on chez toi au Barret ? ». Sans hésitation, j’apportai une réponse doublement négative ce qui, loin de clore l’épisode, m’a entraîné plus loin que je ne l’aurais imaginé…

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Fernandel The Frenchman – Une mimique et tout est dit

Par Jacques Roux

En 1948 Philippe Halsman (1906 – 1979) consacra une série de photographies à Fernandel, alors présent sur le sol américain. Ce grand portraitiste photographe (101 couvertures de Life à lui seul) avait compris que le comédien, boudé par l’intelligentsia française qui ne voyait en lui qu’un amuseur public de second rang, était un artiste essentiel, dont le visage à lui seul était un répertoire inépuisable de formes et de signes, à la fois propres à exprimer des émotions, des sentiments et même des idées, et à provoquer le rire. Le rire n’a pas bonne presse chez ceux qui se croient supérieurs. Dès l’Antiquité latine (« castigat ridendo mores ») pourtant, on savait que rien ne valait le rire pour corriger les défauts de l’humanité, et non pas le bâton ni le sermon, tel que celui que je suis en train de rédiger ! Pour Philippe Halsman, Fernandel, « The Frenchman » selon le titre de son ouvrage, était plus qu’un comédien comique : un moraliste.
Les photographies sont des extraits d’œuvres de Halsman disponibles sur Internet.
« Fernandel et Halsman complices »

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Les Madones de Saint-Vérand 2

Par Jacques Roux

On ne la découvre qu’après, lorsqu’on entre dans l’église l’œil est attiré aussitôt par le chœur et ses tableaux, on ne saurait pourtant l’ignorer. Je me souviens qu’enfant ma Tante venait discrètement lui apporter des fleurs. Et elle n’était pas la seule car à ses pieds – le ménage n’était sans doute pas effectué régulièrement – d’autres bouquets séchaient, témoignages d’une dévotion discrète et, indiscutablement, féminine. Il est vrai que cette Madone était une « Vierge à l’Enfant » et qu’on lui prêtait – on ne prête qu’aux riches il va de soi – le pouvoir de donner satisfaction aux demandes de grossesse. Aujourd’hui toute trace de dévotion régulière a disparu, comment en serait-il autrement l’église n’est ouverte que pour le culte et les cérémonies. Elle n’en impose pas moins, dans le silence et l’isolement, la présence d’une plénitude sereine et distante.

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Ce que je voyais de ma maison

Par Jacques Roux
Les souvenirs d’enfance se perdent dans l’immense répertoire des souvenirs que nous emmagasinons tout au long de notre existence. Après tout, même s’ils sont constitutifs de notre personnalité, ils n’ont pas nécessairement vocation à être réactualisés. Sauf… Sauf s’ils éveillent en nous une petite pointe d’émotion. Sauf aussi lorsque le hasard nous pose sous les yeux un objet venu de notre passé ou, c’est ce que je veux brièvement évoquer dans cette vignette, une photographie.

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Les Madones de Saint-Vérand

Par Jacques Roux

Si nous avons à de multiples reprises exploré le patrimoine religieux de Saint-Vérand (38), c’est parce que son église possède un trésor pictural sans commune mesure avec la modestie de ce petit village et qu’il semble malheureusement négligé par ses habitants et bien peu exciter la curiosité des responsables du patrimoine artistique des instances départementales et régionales. Le Mas du Barret a donc pris résolument la relève des actions entreprises par l’association Saint-Vérand Hier et Aujourd’hui entre 2008 et 2018 pour faire connaître, valoriser et protéger, ce trésor méconnu. Il s’avère en outre que le mobilier funéraire du cimetière local offre un panorama assez exhaustif des styles pratiqués entre la fin du XIXème siècle et le mitan du XXème. Là aussi, les tombes à l’abandon vite reprises et les matériaux contemporains offrant à profusion des formes standardisées laissent peu d’espoir à l’idée de préserver une sorte de témoignage (impressionnant à plus d’un titre) de la prégnance historique du catholicisme dans la région et de ses manifestations. On comprendra que notre intérêt en abordant ces sujets n’est pas d’ordre religieux, pas plus qu’il ne l’a été lorsqu’il a été question de rendre son nom et sa visibilité au sculpteur de Notre-Dame des Champs et replacer cette belle statue sur le terrain esthétique dont elle avait été, par ignorance et indifférence, évacuée. Il en sera ainsi encore pour cette série de vignettes qui traitera des « Madones » de Saint-Vérand. Car, outre Notre-Dame des Champs, Saint-Vérand possède une merveille : sa maquette. Laquelle, restituée au public dans le Chœur de l’église, fait du coup de l’ombre à deux autres représentations : une petite Madone oubliée dans une sorte de réduit et une belle figure, sans doute issue d’une production de série mais d’une rare élégance et qui offre cette particularité (à Saint-Vérand) d’être une « Vierge à l’enfant ». A côté des sculptures, il y a ces quatre Madones peintes, visibles sur les grandes copies d’œuvres de Raphaël, Volterra et Mengs, ainsi que plusieurs autres repérables dans le non moins remarquable Chemin de Croix qui cerne la nef. Elles nous font penser, ces Madones sculptées et peintes, que dans un monde rural longtemps tenu à l’écart de toute imagerie d’ordre esthétique elles n’en véhiculaient pas moins quelques unes des vertus de ces objets qu’on nomme « œuvres d’art ». J’ai la naïveté de penser que, aussi évanescente et confuse soit-elle, l’idée de « beauté » garde toute sa puissance. Je voudrais, grâce à ces discrètes Madones, partager ce sentiment avec nos lecteurs. Premier épisode, Notre Dame des Champs et sa lumineuse maquette.

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Les églises d’aujourd’hui sont-elles tournées vers l’est ?

Par Michel Jolland
Le 7 mars 2021, sous le titre « L’énigme de l’église de Quincivet à Saint-Vérand », nous retraçions les principales étapes de la longue histoire de l’église Sainte-Marie (ou Notre-Dame) de Quincivet, confirmée aux Bénédictins de Montmajour par le privilège du pape Innocent III du 29 décembre 1204, présente pendant près de six siècles dans l’histoire religieuse locale et dans les Archives de Montmajour conservées à Marseille, signalée pour la dernière fois dans un acte officiel de 1802, absente de la référence topographique majeure que constitue le cadastre napoléonien de 1830. Si l’édifice a disparu sans laisser sur le terrain de trace actuellement visible, la mémoire collective en revanche avance plusieurs emplacements potentiels impossibles à départager faute de preuves tangibles. Les quelques indications chiffrées dont nous disposons, évoquées dans l’article du 14 septembre 2021 intitulé « L’église de Quincivet ferait-elle perdre le nord ? », permettent tout au plus de construire une hypothèse sur l’orientation de l’église. Et encore, l’article en question montre qu’il y a contradiction entre l’hypothèse fondée sur les données issues d’un litige très documenté survenu en 1790 et l’orientation vers l’est, réputée conventionnelle pour les églises catholiques. Plusieurs campagnes de prospection géophysique visant à détecter d’éventuelles traces enfouies sous la surface du sol ont été conduites à Quincivet. L’analyse des données enregistrées lors de la dernière en date (janvier 2021) est en cours d’achèvement. Des éléments probants devraient bientôt être disponibles. Dans l’attente, et parce cette question d’orientation a depuis quelque temps mobilisé beaucoup d’attention, pourquoi ne pas observer les églises d’aujourd’hui afin de vérifier si elles sont tournées vers l’est ?

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Symbolique de la rivière

Par Jacques Roux

A Saint-Vérand, penser « la rivière », c’est dire : la Cumane. Un mot dont l’étymologie est paraît-il un rien obscure, je n’en dirai pas plus : cette obscurité-là fait partie de la chose : pas plus que son nom, son premier (« l’authentique » ou le « véritable » comme on dit en Ardèche pour les sources de la Loire), son premier filet d’eau donc, n’est identifiable. Parce qu’il n’existe pas : ce qui sourd, ce qui suinte n’est pas source, la source il faudrait la chercher à l’origine des temps, quand se scindèrent le jour et la nuit, le solide et le liquide, et ce que nous nommons comme des enfants la vie et la mort. C’est de la « rivière » que je vais parler mais c’est bien de la Cumane qu’il s’agira. Dans les arrières plans incertains où s’entremêlent mes sentiments, mes pensées et les mots qui me viennent, n’est-elle pas « LA » rivière, n’est-elle pas, à elle seule, « toutes les » rivières ?

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La maison forte de Brochenu – Une sentinelle fièrement perchée sur son promontoire

Par Michel Jolland

Nous avons souvent, sur le Mas, parlé de Quincivet, de son château, et bien sûr de son église disparue (voir les articles du 7 mars et du 14 septembre 2021). Dans les documents où nous cherchons des informations sur cette église nous trouvons régulièrement mention de la maison forte de Brochenu. Il est vrai que cette dernière est proche voisine de Quincivet dont elle domine les bois et les champs. Signalée dès 1317 dans un acte par lequel plusieurs nobles, parmi eux Jean et Pierre de Brochenu, prêtent hommage à leur suzerain Pierre de Murinais, la maison forte existe toujours même si elle porte trace des modifications intervenues au cours des siècles.

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La magie de l’affiche

Par Jacques Roux

Parler aujourd’hui, fin du premier quart du XXI° siècle, de « magie de l’affiche » paraît tout à fait stupide. Dès qu’on sort des chemins de campagne les panneaux d’affichage sont présents partout et sans même tenir compte de ce que nous nommons « l’affichage sauvage » ; affichettes collées sur les arbres, les poubelles, les poteaux électriques, les plus nombreuses à caractère politique et beaucoup pour annoncer quelque « soirée festive », un loto, une quelconque manifestation locale sans grand moyen. Saturation, plus que magie. Parfois, cela arrive, charme ou drôlerie : certaines pubs réussies, le plus souvent insipide banalité.
Mon propos ne vise que les affiches cinématographiques et renvoie à une autre époque, disons après la seconde guerre mondiale (on nous dit qu’elle attend une petite sœur) entre 1947 et la fin des années 60. Comme aurait pu le chanter Aznavour, c’est un temps que les moins d’un certain âge ne peuvent pas connaître. Ils ne savent pas ce qu’ils ont perdu, les pauvres. A titre de preuve la délicieuse affiche annonçant les non moins délicieuses « Vacances romaines » pendant lesquelles Audrey Hepburn fit perdre la tête à Grégory Peck… Puis au monde entier.

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