Le mas du Barret

La lessive au Barret (2)

A la maison du Barret, chez mes grands-parents, on disait tout simplement « la rivière » pour désigner la Cumane, ce cours d’eau qui traverse le village de Saint-Vérand du nord au sud avant de se jeter tranquillement dans l’Isère vers le pont de Beauvoir. De la même manière, « le pont » était celui, tout proche, qui enjambe la Cumane en contrebas du hameau pour permettre l’accès au village. C’est quelques dizaines de mètres en amont de ce pont que ma grand-mère venait rincer sa lessive. Une véritable expédition.

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La lessive au Barret (1)

Il a encore fière allure ce trépied bancal tout droit sorti du dix-neuvième siècle. Au temps de sa splendeur, il officiait au Barret comme support du cuvier de la lessive, la « buye » comme disent aujourd’hui encore les gardiens du patois local. Vers la fin des années 1950, d’autres récipients sont venus remplacer le cuvier hors d’usage mais il fallait toujours tirer l’eau du puits et aller rincer le linge à la rivière. Deux opérations mémorables.

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La vie d’artiste (4) Fantin-Latour 2

« Inclassable », tel est l’adjectif le plus souvent retenu par ceux qui ont prétendu s’intéresser à l’œuvre de Fantin-Latour, particulièrement les organisateurs de la récente rétrospective présentée en 2016/2017 au Musée du Luxembourg puis au Musée de Grenoble. La palme revenant au directeur de ce dernier Musée qui déclara lors d’une interview que cet artiste était si « inclassable » qu’on ne savait pas « où le classer ». Derrière le ridicule il faut voir une triste réalité, la plupart des prétendus « spécialistes » des arts plastiques s’imaginent en comprendre la portée lorsqu’ils parviennent à ranger dans des petites boites bien étiquetées les artistes et leurs œuvres. Or l’œuvre de Fantin-Latour n’est pas de celle qu’on fait entrer facilement dans une seule case. Pour la définir il faut accepter l’idée que nous ne percevons d’elle qu’une des composantes de sa nature : ce que la peinture de Fantin-Latour cherche à saisir, par des moyens divers et apparemment peu comparables, c’est l’insaisissable.

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La vie d’artiste (3) Fantin-Latour 1

Fantin-Latour sera tôt ou tard considéré comme l’un des plus grands peintres français. Jusqu’ici, parce qu’il échappe aux critères conventionnels auxquels se réfèrent la plupart des « professionnels de la profession » selon le mot de Godard, il reste globalement méconnu, incompris sinon méprisé. La récente rétrospective qui lui fut consacrée par le Musée du Luxembourg et le Musée de Grenoble l’a encore confirmé. Accompagnée d’un catalogue indigent et affublée d’un titre racoleur et stupide elle semble n’avoir cherché que l’angle du scandale pour « vendre » le plus discret et le plus intériorisé des artistes. « A fleur de peau » proclamaient les affiches. Or Fantin-Latour n’est pas le peintre de la peau, mais de l’Esprit.

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L’art… funéraire (au cimetière de Saint-Vérand) 2

Dans un cimetière le lien entre les vivants et les morts est d’une extrême ambiguïté. On y voit à la fois l’adieu, le sentiment d’une perte irréparable, et une dévotion particulière sous-tendue par le sentiment que …peut-être. Sentiment porté, nous l’avons vu précédemment, autant par l’imaginaire que par les convictions religieuses. Ce mélange d’espoir et de désespoir, de rêverie et de croyance, se lit dans l’étrange, baroque, hétéroclite même, catalogue d’images repérables pour peu que l’on s’attarde à contempler les tombes dans le détail. Nous nous proposons de nous intéresser à ceux de ces détails qui ont une connotation esthétique.

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L’art… funéraire (au cimetière de Saint-Vérand)

Le cimetière, c’est le royaume de la mort. Toutes les dates affichées sur toutes les tombes en témoignent : celui qui git au dessous d’elles n’est plus. Il avait un corps, il avait un nom, seul reste le nom mais qui ne désigne plus que du vide. Pourtant, si l’on y regarde d’un plus près, il semble que cette évidence soit corrigée par la présence diffuse de signes divers, religieux, comme des croix, esthétiques comme des formes gravées ou sculptées, sentimentales comme des bouquets, des massifs végétaux. Un peu comme si les vivants qui visitent en ce lieu des proches disparus n’en avaient pas totalement fait le deuil. Aussi rouillés soient-ils, ces fers forgés témoignent aussi bien d’une foi religieuse que d’un espoir proche des plus folles légendes : du néant surgit l’enfant nouveau. La mort est renaissance.

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La vie d’artiste (2)

Claude Ribot est né au Mans en mars 1934 et il est mort au Mans en mars 2010. Entre-temps il aura vécu dans un pays qui ne fut qu’à lui et qui le restera, partout où ses œuvres continueront d’en témoigner : un pays de chimères, où les femmes et les mâles, les animaux, les objets s’interpénètrent et se dispersent, dans un espace indéfini et comme si les temps d’avant les temps, quand nous ne savions pas encore que nous étions une espèce, n’avaient pas été engloutis dans le grand Vide.

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Mai 1921 à Saint-Vérand (Isère)

Société de gymnastique et fanfare liée à la paroisse, la « Jeanne d’Arc de Saint-Véran » a marqué la vie du village pendant quelques années. Si les documents portant trace de son histoire sont rares, ont trouve cependant quelques échos de son activité au début des années 1920.

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La vie d’artiste (1)

Nous inaugurons avec René Mirabel une mini série, consacrée au travail de quelques artistes dont nous avons croisé la route ou dont le talent nous semble injustement méconnu. Au fil des chroniques nous évoquerons ainsi le sculpteur Claude Ribot, des peintres comme Boris Boussières, Alain Saussac, nos proches contemporains, mais aussi Fantin-Latour dont la ville de Grenoble n’a jamais su honorer dignement le talent, Jongkind mort à St-Egrève et dont la dépouille fut enterrée à la Côte St-André… Et bien d’autres encore, au fil de l’inspiration, sans préjuger des retours inévitables sur la plupart de ces créateurs dont on ne saurait en quelques lignes transcrire l’œuvre de toute une vie.

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